FOCUS RÉALISATRICES NOIRES – GINA PRINCE-BYTHEWOOD

FOCUS RÉALISATRICES NOIRES – GINA PRINCE-BYTHEWOOD

Dans les semaines à venir, la rédaction Black Square vous propose de découvrir 5 portraits de réalisatrices noires qui ont marqué le cinéma et/ou la télévision. On commence par: Gina Prince-Bythewood.

Autrice: Kady Sy

 

Gina Prince-Bythewood: Révolutionnaire du cinéma noir

Le cinéma noir a toujours été un genre cinématographique diversifié, mettant en avant les expériences des communautés noires et abordant des thèmes sociaux et culturels importants. Dans cet article, nous allons explorer la réalisatrice Gina Prince-Bythewood et son impact considérable sur le cinéma noir. À travers ses œuvres influentes, elle a réussi à briser les barrières et à offrir une perspective authentique et puissante sur la réalité des Noirs américains. Cet article mettra en lumière ses contributions et son influence durable, tout en soulignant les réalisations clés de sa carrière.

Débuts et premiers succès:

Gina Prince-Bythewood a fait ses débuts dans l’industrie cinématographique en tant que scénariste avant de passer à la réalisation. Née le 10 juin 1969 à Riverside, en Californie, elle a étudié la littérature anglaise à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) avant de se tourner vers le cinéma. Elle a commencé sa carrière en tant qu’assistante de production pour la série télévisée “A Different World” en 1991. Elle a ensuite travaillé comme scénariste pour les séries “South Central” et “Sweet Justice” avant de réaliser son premier long métrage, “Love & Basketball”, en 2000. Elle a également travaillé sur plusieurs séries télévisées, notamment Girlfriends (2000), Tout le monde déteste Chris (2005), “Shots Fired” (2017) ou encore “Cloak & Dagger” (2018).

Love & Basketball a instantanément captivé le public en racontant une histoire d’amour passionnée à travers le prisme du basketball a eu un impact significatif sur le cinéma noir en racontant une histoire d’amour à travers les yeux de deux athlètes noirs. Il a été acclamé par la critique et a ouvert de nouvelles portes pour Prince-Bythewood en tant que cinéaste talentueuse. Il a également été salué pour sa représentation réaliste de la culture et des expériences noires, ainsi que pour sa représentation positive des femmes noires dans des rôles principaux. Le film de Gina Prince-Bythewood a également ouvert la voie à d’autres films mettant en vedette des acteurs noirs dans des rôles principaux, tels que “Brown Sugar” et “The Best Man”. En plus de cela, “Love & Basketball” a marqué le début d’une carrière prolifique pour Gina Prince- Bythewood.

“The Secret Life of Bees” (2008): Un regard sur l’histoire raciale américaine:

Dans “The Secret Life of Bees”, Prince-Bythewood a abordé des thèmes importants tels que le racisme, la sororité et la quête d’identité. Basé sur le roman à succès de Sue Monk Kidd, le film a été salué pour sa représentation émotionnelle et nuancée de la réalité des femmes noires et de la vie noire dans le sud des États-Unis pendant les années 1960. Le film met en vedette Queen Latifah, Dakota Fanning et Jennifer Hudson. “The Secret Life of Bees” a eu un impact significatif en ce qu’il offre une représentation positive et puissante des femmes noires. Le film présente des personnages féminins noirs forts, indépendants et profondément attachants, offrant une perspective souvent négligée dans les récits cinématographiques traditionnels. Les femmes noires sont dépeintes comme des figures de sagesse, de compassion et de résilience, enracinées dans leur communauté et offrant un soutien inconditionnel aux autres personnages. Le film souligne les obstacles auxquels les femmes noires ont dû faire face dans la société américaine de l’époque, tout en montrant leur force et leur capacité à surmonter l’adversité.

“Beyond the Lights” (2014): Redéfinir les stéréotypes:

Avec “Beyond the Lights”, Gina Prince-Bythewood a déconstruit les stéréotypes souvent associés aux femmes noires dans l’industrie de la musique. Le film suit l’histoire d’une chanteuse pop célèbre qui lutte pour trouver son authenticité et échapper à la pression de l’industrie. Elle a réussi à présenter des personnages multidimensionnels et à aborder des questions de santé mentale et d’image de soi. Il met aussi en avant une l’histoire d’une jeune fille noire avec une mère blanche qui ne pouvait pas voir sa fille en dehors de son propre regard blanc. Le film met en vedette Gugu Mbatha-Raw et Nate Parker et a été salué pour sa représentation de l’industrie de la musique et de la pression exercée sur les artistes. Elle offre une perspective profonde et sensible sur les pressions auxquelles les artistes noirs sont confrontés pour correspondre à des stéréotypes et des normes de beauté préconçues. Elle examine également la sexualisation excessive des femmes noires dans l’industrie de la musique, et comment cela peut avoir un impact sur leur estime de soi et leur identité. Le personnage de Noni Jean est un exemple fort de la manière dont le film présente les femmes noires en tant qu’individus complexes et multidimensionnels. Noni est confrontée à des attentes oppressantes de la part de l’industrie musicale, mais elle se bat pour trouver sa propre voix et s’affirmer en tant qu’artiste authentique. En présentant cette histoire, “Beyond the Lights” offre une représentation positive et émouvante des femmes noires qui luttent pour leur autonomie et leur indépendance dans un environnement compétitif et souvent injuste. Le film célèbre la beauté, la résilience et la force des femmes noires, tout en abordant les questions de race, de genre et d’identité.

“The Old Guard” (2020): Une incursion réussie dans le genre super- héroïque:

Avec “The Old Guard”, Prince-Bythewood a fait un pas audacieux dans le monde des films de super-héros. Cette adaptation de la bande dessinée met en vedette Charlize Theron dans le rôle d’une guerrière immortelle et Gina Prince-Bythewood est devenue la première femme noire a réalisé un grand film de bande-dessinée. Le film se démarque par ses personnages complexes et son traitement réaliste des relations interpersonnelles, offrant une perspective unique au sein du genre. Bien que le film ne soit pas centré spécifiquement sur la représentation des femmes noires, il a néanmoins eu un impact significatif en termes de diversité et d’inclusion dans le genre du film d’action. Le film suit l’équipe de mercenaires immortels dirigée par Andy (Charlize Theron) et explore leur lutte pour protéger leur identité et leurs compétences exceptionnelles contre ceux qui cherchent à les exploiter. L’impact réside dans la représentation diversifiée des personnages, y compris des femmes noires. Il présente des femmes noires dans des rôles de premier plan et met en valeur leur force, leur intelligence et leurs compétences. Les personnages de Nile Freeman (KiKi Layne) et de Quynh (Van Veronica Ngo) sont des exemples importants de femmes noires puissantes et complexes dans le récit. En offrant des rôles solides et significatifs aux femmes noires, il défie les normes traditionnelles qui ont souvent relégué les femmes noires à des rôles secondaires ou stéréotypés dans ce genre cinématographique.

The Woman King, une consécration

The Woman King, réalisé par Gina Prince-Bythewood, a eu un impact significatif sur le public bien qu’il n’ait reçu aucune nomination aux Oscars, l’épopée historique mettant en vedette Viola Davis a attiré l’attention et la reconnaissance lors d’autres cérémonies de remise de prix, mais la réalisatrice a exprimé sa déception face au manque de reconnaissance de l’Académie. Néanmoins, Prince-Bythewood est fière de l’impact de son film et prévoit de continuer à raconter des histoires importantes à l’avenir. Le film a également fait face à des discussions négatives sur les réseaux sociaux faisant face des critiques pour son manque d’exactitude historique et sa focalisation sur la politique identitaire, mais cela n’a pas empêché la réalisatrice de peser ses futures options de projet, d’être fière de l’impact que son film a eu et prévoit de continuer à raconter des histoires importantes à l’avenir. Cependant, l’historienne Sylvia Serbin affirme que le film contribue à donner de la visibilité à une partie sous-représentée de l’histoire africaine et évite de fait « d’indexer » le Bénin pour sa participation à la traite des esclaves. Le film raconte l’histoire des Agojié, un groupe de femmes guerrières du royaume du Dahomey (Bénin actuel) au XIXe siècle. Il dépeint également le rôle important que les femmes ont joué dans la société et a eu un impact significatif sur la représentation des femmes noires. En effet, il y a encore quelques années en arrière, voire un film purement hollywoodien, d’un grand studio et avec un gros budget ayant en tête d’affiche un casting de femmes noires foncées de peaux dans des rôles forts tout en étant complexes, nuancées… Ce choix est un risque en soit, dans une industrie qui évolue certes, quant à ce qu’il en est de la représentation des femmes noires au cinéma, d’une histoire africaine, mais qui reste limité, prouvé par la marge de distribution qu’il a eu par exemple dans nos salles françaises, alors qu’il a l’étoffe d’un énorme film « blockbusterien ». Dans l’ensemble, “The Woman King” a eu un impact significatif et Prince-Bythewood continuera de faire sa marque dans l’industrie cinématographique.

Gina Prince-Bythewood est une artiste importante de l’industrie cinématographique et ce qu’elle a pu et continue à apporter par ses créations en termes d’impact et de représentations, ouvrant la porte et ayant une stature d’exemple pour beaucoup de créatifs noirs qui souhaitent s’installer dans l’industrie cinématographique.

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