FOCUS – THE POWER OF MUSIC W/ ALEXANDRE
La musique a la capacité de raconter des histoires, peut-être mieux que tout autre médium créatif, ne serait-ce que pour le fait qu’elle touche un si grand nombre. Combien d’entre vous arrivent à allumer la radio, mettre votre playlist Spotify préférée ou peut-être même un disque avant de faire quoi que ce soit d’autre le matin ? Et puis, tout au long de la journée ou à l’approche du week-end, vous arrive-t-il de changer de genre et de tempo pour refléter votre humeur ou votre besoin de concentration ? C’est un médium puissant et omniprésent.
Dans le cadre de notre série “The Power of Music”, nous avons voulu explorer à quel point la musique peut être à la fois une référence lors de la création, mais aussi un outil pour motiver ou inciter à un travail incroyable. Nous avons donc contacté trois creatifs pour qui la musique est à la fois une influence mais aussi une production et nous leur avons demandé de créer chacun(e) une playlist.
Pour certains elle reflète un doux nuage enveloppé dans des souvenirs et de bons moments et pour d’autres la nostalgie de ce moment où l’on est tous tombés amoureux de la musique. Nous avons invité une série de créatifs à nous partager leur playlist sur le thème de la créativité. Ci-dessous, découvrez les chansons qui ont fait leur entrée dans la liste de lecture d’Alexandre.
Alexandre
Alexandre est né à Paris d’une mère franco-belge et d’un père burkinabé. Passé par Londres et la Nouvelle-Orléans, il est aujourd’hui installé à Strasbourg-Saint-Denis. Après avoir été formé au conseil en agence de publicité, il rejoint Twitter et co-fonde l’application Spotr pour servir la fringuante jeunesse de France. Sensible aux cultures du son et de l’image, il est titulaire d’un Master en Marketing & Entrepreneuriat de l’INSEEC et de l’Université de Tulane.
Black Square : Pourquoi as-tu choisi ces chansons? Qu’est-ce qu’elles te rappellent ou te font ressentir ?
Alexandre : De l’Afrobeat de Kwamzy et Tomi Agape à la Deep House de Linkwood Family, j’aime quand le son s’adresse aux corps. Longue vie au disco et à la funk music. Notre génération mérite son Studio 54. Sinon j’aime tout ce qui est mélodieux. J’écoute Knxwledge et Letherette parce que J Dilla me manque. Nudy et Sahbabii parce qu’ils sont les derniers vrais dépositaire de la désinvolture dans le rap. Ateyaba parce que son seul problème est d’être arrivé avec 10 ans d’avance. Biggie parce que c’est le meilleur rappeur de tous les temps. Wayne et Nipsey parce qu’ils sont à jamais inscrits au panthéon de la culture hip-hop. 113, La Clinique et Les Déesses pour retourner dans le lecteur mp3 de mes années 2000.
Black Square : Avec toute cette culture musicale, qui ont été les premiers musiciens dont tu te souviens en grandissant ?
Alexandre : Mon père avait de bons disques et des goûts éclectiques. Ça jouait du Fela Kuti, du Coupé Cloué, du Brel, tout ça en chantant par au dessus. Je sentais qu’il se passait quelque chose parce que c’était le seul moment où je le voyais vraiment lâcher prise. La bonne musique avait cet effet sur lui. J’ai aussi beaucoup de souvenirs sonores de mes étés passés au Burkina. À chaque été son hit qui passait 15 fois par jour en radio ou télé. Il y a une vraie culture du clip à petit budget chez les westaf. Des artistes comme Black So Man ou Douk Saga ont raconté des histoires et créé des univers qui ont marqué toute une génération y compris des petits de la diaspora comme moi. Paix à leur âmes. Je n’ai jamais compris pourquoi leur fins ont toutes étés si tragiques. Ils méritaient de vieillir avec nous.
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Black Square : Pour toi quel serait le moment et l’endroit pour écouter cette mixtape ?
Alexandre : En cuisinant un ragoût car j’ai mélangé des genres qui n’avaient rien à voir mais quand tu goûtes ça va aller.
Black Square : Y’a t-il certains albums que tu écoutes durant différentes étapes de ton processus de création ? Si oui, peux-tu nous expliquer ces étapes et la place de la musique dans ce ce processus ?
Alexandre : Souvent du son ambiant avec peu de vocals pour neutraliser les nuisances à partir d’une sonorité homogène. Par exemple une bande originale de film comme l’album The Virgin Suicides (1999) de Air ou Heiwa (2021) de Mansur Brown. Sinon du son qui date. Stepping Into Tomorrow (1970) de Donald Byrd ou l’album éponyme de Cymande (1970). J’aime aussi les sonorités planantes qu’on retrouve sur n’importe quel album de Beach House ou de Khruangbin. Et en vrai ça peut aussi partir en rétrospective de Docteur Nico sans raison.