USA – “LE CRUSH EU TOUR” DE RAVYN LENAE S’ARRÊTE À PARIS
Quand Steve Lacy, connu pour son travail au sein du collectif “The Internet” et à qui l’on, doit l’une des meilleures productions sur DAMN de Kendrick Lamar, prête son talent pour produire l’EP pour Ravyn Lenae, on était loin d’imaginer cette ballade de cinq titres d’une âme moderniste inventive rappelant à notre bon souvenir les relations Pharrell-Kelis ou Timbaland-Aaliyah.
Ce sont peut-être des comparaisons audacieuses, mais l’alchimie de Lenae et Lacy sur Crush confirme notre impression. Leur style délicat de soul et de funk a parfaitement su s’accorder, l’extrait « sitcky » en est le parfait exemple. Lenae ne se contente pas de proférer des paroles sur une relation minable – elle glisse et glisse à travers les cadences sur les riffs non conventionnels de Lacy, et son “woo-hoo-hoo” -ing est aussi musclé que la basse. Le travail de la jeune fille originaire de Chicago – y compris des tournées avec Noname et SZA – a suffit à découvrir une artiste qui est loin de considérer le succès comme une fin en soi, mais qui veut se construire un nouveau monde musical.
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Ses deux premiers EP, produits par Monte Booker en 2016 et 2017, allient ses chants d’inspiration soul à ses rythmes originaux. Leur succès artistique dépendait de la capacité de Lenae à se retrouver dans la musique, adaptant sa voix souple et polyvalente à la palette idiosyncratique du producteur.
Sur Cruch, le décor est posé, que se soit sur une toile de fond de guitare psychédélique pour chanter du falsetto sur “Closer” ou sur “Computer Luv”, un duo flottant chanté devant des écrans sur des côtés différents du monde l’accord reste parfait: “I shed a tear down/My face, drip and drown/My feelings into this one text/I wonder what is next/Will I catch real feelings for you?”
Ce ton étonnamment personnel persiste tout au long de Crush. Même quand il s’agit d’une chose aussi banale que de se préparer à sortir sur “The Night Song“, il ne s’agit pas du bien-paraître, mais de l’estime de soi-même, rendant la chanson plus méditative que superficielle “I wanna be no one but me/I give a thang ’bout what you say or think.” – et comme avec presque toutes les chansons de cet EP remarquable, elle semble totalement sûre d’elle. Crush est le résultat d’une crise de conscience, moins d’une crise artistique, mais plutôt d’une artiste aux ressources inépuisables. Le degré de maîtrise pourrait paraître insolent. Dans le cas de Ravyn Lenae, elle fait juste l’objet d’une fascination inébranlable.
On vous donne rendez-vous à la Maroquinerie le 02.05.18 et en attendant on vous laisse avec nos coups de cœur.
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