USA – SABA ET SA « BUCKET LIST » SONT À PARIS CE WEEK-END
Défini comme un satellite de Chance the Rapper, Saba était l’une voix hors concours sur « Surf » de Donnie Trumpet & Social Experiment et « Angels » de Coloring Book. Ces différents échantillons, nous ont donné une idée de l’univers du jeune-homme. Saba, de son vrai nom Tahj Malik Chandler, poète et rappeur à ses heures perdues. Et des heures perdues, il faut dire que le jeune artiste de Chicago en a eues un paquet, puisque ça fait quelques années que le projet était annoncé, laissant les fans dans l’expectative après quelques featurings remarqués.
L’attente en valait la peine, car c’est un délicieux mélange musical et littéraire que nous livre Saba. Sur une instrumentation légère qui n’est pas sans rappeler jazz groovy d’un Robert Glasper (le titre « California » par exemple), c’est un véritable récit de vie que nous dévoile Saba. Oscillant entre thèmes sombres (les violences raciales, la vie dans les quartiers, la lutte pour les droits civiques des Noirs aux US) et badinages sentimentaux de tous âges, l’artiste nous avoue en fait son tiraillement entre volonté de grandeur et attachement à sa vie dans la banlieue de Chicago .
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Les références historiques et culturelles foisonnent, les jeux de mots sont riches, incitant à vraiment se pencher sur les textes pour apprécier ce produit à sa juste valeur. C’est complexe, mais jamais alambiqué C’est sérieux, mais jamais prétentieux : Call Obama, Jesus, Yeezus/He can save Chicago from the demons and the deacons – , se souvient sarcastiquement Saba sur «Church / Liquor Store» assisté parNoname. On peut aussi faire le parallèle avec Akua Naru qui partage la même conception poético-musicale.
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La bucket List,c’est pour apporter du dynamisme : « I’ll finally climbed the rock, made it to the top of the precipice/I came from the pessimism of inner city as it is », On comprend mieux la soif de collaboration qui l’anime, avec pas moins de six featurings qui puisent dans les racines soul et gospel du genre et apportent une touche finale au rendu musical. L’ensemble peu produit n’est pas gênant. Au contraire, la richesse des sonorités avec des sons de claviers particulièrement soignés nous invite dans cette atmosphère feutrée qui met bien en valeur les textes. Et puis après tout, on sait depuis Joey Badass que production limitée ne rime pas avec amoindrissement qualitatif. On souhaite la même trajectoire à Saba.
Pour les curieux, il sera en concert au 1999 ce samedi, on vous attend.