INTERVIEW – ISHA

INTERVIEW – ISHA

Issu de la génération avant celle des Damso, Hamza ou Roméo Elvis, Isha peut être considéré comme une figure de proue du rap belge. Un ancien qui a su se renouveller et miser sur les codes actuels pour se re-faire une place dans le game. De son ancien blaze, Psmaker à son vrai nom Isha qu’il garde désormais en tant qu’artiste, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Avec sa série d’Ep intitulé “La vie augmente”, Isha nous prouve qu’avec travail et détermination on peut arriver à s’imposer même lorsque les pronostics ne nous donnent pas gagnant. Nous l’avons croisé au détour d’une scène lors du festival Afropolitain Nomade et en discutant avec lui, il a partagé avec nous sa vision du rap, son parcours et ce qu’il pense du continent africain lui qui débarque sur sa terre d’origine pour la première fois.

Ça fait un moment que t’es dans le rap belge, comment pourrais tu décrire ton parcours ?

Par rapport à tous les gens qu’on entend là-bas, je rappais déjà bien avant. Il y a eu quelques vagues où le rap était déjà assez actif en Belgique, disons que j’étais dans la deuxième. Celle dont on entends parler en ce moment c’est la troisième. J’avais arrêté à un moment donné parce que ça tournait un peu en rond. A cette époque tu pouvais pas avoir les maisons de disques aussi facilement donc pas de grosses radios, pas de tournée. On était un peu confiné. Et puis il y a quelques années j’ai vu que ça commençait à se débloquer, les choses évoluaient et qu’il y avait de plus en plus de médias donc j’ai repris du service.

Lorsqu’on t’écoutes on sent un lourd vécu dans tes mots. Si tu devrais définir ta musique ce serait comment ?

Elle est introspective, je parle très souvent en “je”. Même quand je dis “il” souvent je parle de moi ou de nous tu vois. Donc le meilleur mot c’est vraiment “introspection”. Je vais chercher vraiment à l’intérieur de moi, mes émotions, mon vécu et puis je retranscris.

La vie augmente ce n’est pas que le titre de ton projet, on se rend compte que c’est tout un concept, pourrais tu nous en dire un peu plus ?

La vie augmente c’est une manière… heu au fait c’était un pari. Déjà avant que je choisisse le titre, j’étais pas encore à cette étape, j’avais pas encore évolué. c’était un pari de dire il faut que la vie augmente. Le terme augmentation aussi revient souvent, c’est le fait d’évoluer de manière positive. C’est une expression que moi j’utilise souvent. Demain si votre média il cartonne à un autre niveau, la vie augmente aussi pour vous. C’est ça le truc.

On sent dans ton personnage tantôt un mec capable de nous emmener dans son monde intime comme lorsque tu parles de ton père dans MP2M ou dans un délire totalement égotrip poussé à fond sur certains morceaux. Comment arrives tu à alterner les deux ? Est ce l’instru qui te guide ou ce que tu ressens à l’instant présent ?

C’est un mélange des deux tu vois mais c’est surtout l’instru. Quand je reçois une prod, je sais un peu sur quel ton l’aborder. Mais après les choses sont pas fermées puisque des fois dans un banger ou un truc egotrip je peux glisser une phrase introspective. Et le contraire aussi, dans un morceau introspectif je peux lâcher des phases d’égotrip.Donc je m’amuse un peu à composer avec les deux. Mais c’est vraiment l’instru et l’état d’esprit du moment.

C’est quoi un bon morceau de rap pour toi ? 

Un bon morceau de rap, c’est un morceau complet où tout le monde peut retrouver des petites phrases qu’il aime quoi. Donc avec du sens, du style, du charisme, des belles images. Des images fortes tu vois, c’est ça un bon morceau de rap pour moi.

Aujourd’hui tu es en Afrique pour le festival Afropolitain Nomade, sur scène hier c’était hyper chaud. Ca te fait quoi de voir le public ici connaître tes morceaux et les répéter ?

Ca fait plaisir hein, ca fait plaisir. On se rend compte que maintenant grâce à internet la musique voyage. Il y a un mois j’étais à Montréal je marchais en ville il y a des gens qui m’abordaient dans la rue “ah ouais t’es pas Isha par hasard?”. Pourtant on était en Amérique là. On est dans un autre continent, le fait de savoir que sur une journée y a deux, trois, quatre mecs qui te reconnaissent, qui connaissent tes sons ça fait grave plaisir. Tout ça c’est grâce à YouTube, au streaming etc…

C’est la première fois que tu viens en Afrique ?

Oui c’est la première fois. Je suis congolais d’origine (RDC, ndlr)  mais j’avais jamais eu la chance de venir. Les billets coûtent trop cher, on est une famille nombreuse. Mes frères et sœurs eux ils ont commencé à y aller aussi il y a cinq, six ans tu vois. Moi maintenant je vais commencer à aller voir plus souvent ce qui se passe.

Comment tu trouves l’énergie sur place ?

Ici au Sénégal j’ai l’impression que c’est différent du Congo. Sinon je remarque que tout le monde est actif ici. Dès que tu te lèves ça bouge partout, j’aime cette énergie là. Et hier j’ai écrit un morceau alors que ca faisait quelques semaines que j’étais pas très inspiré donc ca veut dire que Dakar m’inspire beaucoup.

Pour finir, musicalement tu nous réserves quoi pour la suite?

Là je vais me mettre à écrire La Vie Augmente Vol.3. Pendant le mois d’août j’ai qu’un concert donc j’aurai le temps d’être en studio, je vais beaucoup bosser donc j’espère le sortir avant 2019. Comme ça j’aurai sorti deux projets en un an c’est cool, après ça je vais vraiment travailler un album. Un bon album, parce que là c’est que des 10 titres pour l’instant. j’aimerais bien faire un 18 titres avec des interludes, amener des chorales.J’ai envie de faire un bel album quoi tu vois. Je vais prendre le temps après LVA3, une petite pause afin de me consacrer à l’album parce que j’aimerais qu’il déclasse les trois volumes de LVA. Comme ça quelqu’un qui l’écoute sente que ça n’a plus rien avoir avec les précédents projets. C’est ça le pari.

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Lionel Dalight

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